SYLVAIN LORGNIER

Joueur d'histoires.

Il grandit à Barlin dans le Pas de Calais. A la frontière de deux mondes : le monde de la ville et celui de la campagne. Un pied dans les terrils et leur noir charbon, l’autre dans les champs et leur vert engrais. A 18 ans, il va à la fac et comme la vie est bien faite, les étudiants pas favorisés sont logés dans les quartiers défavorises. Là il rencontre une nouvelle culture. Une culture qui lui donne envie de rencontrer, d’apprendre, de voyager… La culture arabe. Il ira au Maroc plusieurs fois. Avec l’université sonne la cloche des grandes rencontres, des mariages : la musique tout d’abord : Hendrix, Pink Floyd, Ange, Harmonium, Gotainer, Nougaro, I Am…L’humour avec un sourire collé à l’œuvre de Desproges. Les 2 énormes rendez vous littéraires furent pris avec Hermann Hesse et Stephan Zweig. Réalisme magique pour l’un, sens profond de la psychologie de ses personnages pour l’autre. En ce qui concerne le cinéma l’ouverture viendra plus tard.. Enfin ses années d’études débridées lui ouvrent d’autres cours de récréation: Emission de radio, happening dans la FAC, dans les rues, création d’un journal satirique, film, organisations festives… La licence en main, il décide de continuer ne sachant toujours pas où aller. Ses deux dernières années seront consacrées à un mémoire sur « l’implantation du front national durant les années 80 dans le Nord Pas de Calais » et à la préparation d’un CAPES d’Histoire-Géographie. 2 mois avant de soutenir, après 5 ans d’études, il sait enfin quelque chose : il doit bouger, rencontrer l’ailleurs. Il fait tout pour devenir Volontaire Aide Technique.

Juin 1995 : il arrive en Nouvelle Calédonie Il travaillera au Collège de Canala comme soutien pédagogique, jolie mot pour « bouche trou sympathique ». Sa première rencontre « culturelle » fut lorsqu’il créa un atelier poésie avec les enfants. Ce fut une révélation sur l’énergie que ces jeunes yeux savaient voir. Très vite il habite à la tribu d’Emma. Des liens se tissent. Des hommes se regardent, des cœurs s’ouvrent. Une culture prend racine en lui. 2 ans plus tard il fait se rencontrer les deux mamans de sa vie : Michèle qui arrive de l’avion et Marthe qui revient des champs. Lui éclate à la figure le feu de joie que déclenche ses deux mères qui se rencontrent. L’amour les lie, alors qu’elles ne se connaissent pas…

Le contrat fini, il reste un an et demi à la tribu : pêche, nature et ampoules aux mains parce que la barre à mine c’est fin dur ! Mais il sait qu’il doit encore bouger, il se décide enfin à rentabiliser ses études. Il devient professeur (Ouvéa) puis formateur à Poro. Il enseigne le français, l’histoire-géographie, la V.S.P. Il travaillera ensuite sur Nouméa pour la C.C.I, la Chambre des Métiers, les 400 cadres. Il rencontrera des centaines de jeunes, certains deviendront des amis, beaucoup lui ouvriront les yeux sur leur place dans la société calédonienne. Ils lui montrent aussi ce qu’est cette Calédonie pluri culturelle. Plus il apprend et plus il sait qu’il n’est pas encore dans son histoire. Durant ces années il a toujours écrit, des poèmes, des bouts d’essais, des émotions.

On le pousse alors à faire un stage de conte. Il accepte, pétri de timidité. 14 jours de galère, 5mn de bonheur. Il décide de tout quitter. Son métier et momentanément la Calédonie. Il repart raconter des histoires dans les quartiers pas favorisés de son Pas de Calais natal où même les étudiants n’étaient plus logés. Il y reste deux ans. Depuis revenu, il habite en Calédonie et participe activement au développement des Enfants Migrateurs. En plus des spectacles, il continue de s’investir auprès des jeunes adultes en étant présents dans différentes formations.